L’année 2025 qui commence est la première des dix années qui sera plus particulièrement consacrée aux sciences de la Cryosphère.
Le 13 août dernier, l’assemblée générale de l’ONU a décidé à l’unanimité – fait suffisamment peu fréquent dans cette période de bouleversement pour mériter d’être souligné – de consacrer la prochaine décennie à mobiliser énergie, esprit et moyens matériels et financiers pour accélérer la Recherche sur la Cryosphère.
La cryosphère, qui regroupe les pôles, glaces et neiges permanentes de notre planète, est l’un des piliers fondamentaux de l’équilibre climatique global. Elle agit comme un « réfrigérateur naturel » en réfléchissant une partie des rayons solaires et en régulant les températures. Face à l’accélération du réchauffement climatique, ces espaces cruciaux subissent des bouleversements sans précédent.
Le recul rapide des glaciers, la fonte des calottes polaires et la diminution de la banquise ont des conséquences directes sur les écosystèmes, le niveau des mers et les populations humaines, particulièrement dans les régions côtières. Mais ces phénomènes affectent aussi l’ensemble de la planète. En modifiant les courants océaniques, en accélérant le réchauffement global et en libérant des gaz à effet de serre piégés dans le pergélisol, la déstabilisation de la cryosphère agit comme un catalyseur du changement climatique.
Accélérer la recherche scientifique est essentiel pour mieux comprendre ces processus complexes et développer des solutions efficaces. Cela inclut l’amélioration des modèles climatiques, l’étude des interactions entre les glaces et les écosystèmes marins, ainsi que la surveillance satellitaire des zones les plus vulnérables. De nouvelles technologies, combinées à une coopération internationale renforcée, peuvent également permettre d’explorer des stratégies innovantes pour ralentir la fonte et protéger ces écosystèmes uniques.
Cette décennie doit aussi servir à sensibiliser les populations et les décideurs politiques à l’urgence d’agir. En reliant la préservation de la cryosphère à des enjeux concrets tels que la sécurité alimentaire, les migrations climatiques et la gestion de l’eau, les recherches menées dans ce cadre peuvent catalyser des politiques globales ambitieuses.
Préserver les « réfrigérateurs de la planète » n’est pas seulement une nécessité environnementale, mais une condition indispensable pour garantir un avenir viable aux générations futures. La décennie de la cryosphère représente une opportunité unique de placer cet enjeu au cœur des priorités internationales et d’agir avec détermination avant qu’il ne soit trop tard.
Dans cette année d’ouverture de la décennie, la Fondation Albédo pour la Cryosphère poursuivra le financement de projets scientifiques, de projets d’information, de rencontres scientifiques et de grands rendez-vous pour mobiliser l’attention de tous sur l’urgence de ce défi qui combine des extrêmes schizophréniques en étant à la fois le plus grand des enjeux climatiques et – malheureusement – celui qui suscite le moins d’attention de la part de l’opinion publique.